50 ans après sa mort, Nasser encore à la Une de la presse mondiale

Soha Gafaar Mercredi 30 Septembre 2020-12:04:26 Chronique et Analyse
50 ans après sa mort, Nasser encore à la Une de la presse mondiale
50 ans après sa mort, Nasser encore à la Une de la presse mondiale

Gamal Abdel-Nasser était un leader hors norme. Aucun président tout au long de l’Histoire politique arabe n’a reçu une popularité unanime comme lui. Même ses ennemis l’ont beaucoup respecté et l’ont considéré comme un leader sans pareil. Il était le rêve de la liberté, de l’indépendance, de l’unité, du nationalisme arabe et du socialisme non seulement pour son pays mais pour le monde arabe et africain aussi. Toute personne qui a vécu sa gouvernance disait à propos de lui qu’il n’était pas seulement le président mais aussi le père. La commémoration de sa mort était avant-hier, le 28 septembre, et à cette occasion, il était le centre d’intérêt de la presse mondiale francophone. Le Progrès Egyptien a eu l’idée de vous présenter quelques extraits de ces articles pour savoir qu’Abdel-Nasser continue d’être un leader expectionnel même 50 ans après sa mort.  

 

 

Sous le titre « Il y a 50 ans, le président Nasser s'éteignait au Caire » le site Voaafrique écrit son article dont voici quelques extraits : 

« Le 28 septembre 1970, Gamal Abdel Nasser s'éteint au Caire, terrassé par une crise cardiaque à 52 ans. Son décès déclenche un véritable choc en Egypte et dans tout le monde arabe. Dans la soirée, toutes les chaînes de radio et télévision interrompent brusquement leurs émissions, diffusant des versets du Coran. Peu après l'annonce du décès, les premières manifestations se déroulent au Caire. A Héliopolis, hommes, femmes et enfants crient leur douleur ou pleurent silencieusement. Dans les quartiers populaires, des rassemblements se forment. 

Toute la nuit, une foule compacte -- d'abord incrédule, puis atterrée-- se dirige vers la résidence de Nasser, puis vers le palais présidentiel de Koubbeh, où la dépouille a été transportée. Les autorités font appel aux forces armées et aux chars pour interdire les voies. A Alexandrie, tous les magasins sont fermés et les cinémas interrompent leurs projections. D'une voix entrecoupée de sanglots, écrit alors l'AFP, le vice-président Anouar al-Sadate vient lui-même annoncer à la radio le décès de Nasser à 18h15 locales (15h15 GMT). « La République arabe unie, la nation arabe et l'humanité tout entière ont perdu l'un des hommes les plus chers, les plus courageux et les plus sincères », dit-il, soulignant que Nasser est mort dans un ultime effort pour « mettre fin à l'horrible drame qui a atteint la nation arabe ». La veille, le président Nasser avait réussi à arracher un accord au roi Hussein de Jordanie et au chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Yasser Arafat pour arrêter les sanglants affrontements de Septembre noir. (…) 

Un des principaux leaders des « officiers libres » qui renversèrent la monarchie en 1952, le raïs avait pris le pouvoir deux ans plus tard. Cofondateur du mouvement des non-alignés, charismatique et chantre du nationalisme arabe, il avait mis en place un régime présidentiel pendant 16 ans. Ses plus grands succès furent la nationalisation du canal de Suez en 1956 et la mise en déroute de l'opération franco-britannique destinée à reprendre le contrôle de cet axe stratégique, puis l'inauguration en 1964 du barrage d'Assouan. Et sa plus grande défaite, celle infligée en juin 1967 par Israël à son armée ». 

Ensuite sous le sous titre « Adieux déchirants », le site Voaafrique continue à raconter les moments endeuillés accompagnant son enterrement et son adieu :  « Le 1er octobre, le cercueil de Nasser, enveloppé du drapeau égyptien, est placé sur un affût de canon tiré par huit chevaux et encadré par quarante généraux de l'armée. Cinq mille cadets de l'école militaire précédent le cortège. Ses compagnons d'armes y prennent place, suivis des chefs d'Etat et de gouvernements étrangers. Des hélicoptères survolent la capitale et des Mig-21 passent en rase-motte. Une salve de 21 coups de canon est tirée. Une foule, estimée à plusieurs millions de personnes, se presse sur le parcours du cortège, long d'une quinzaine de kilomètres. « Vive Nasser » et « Il n'y a d'autre Dieu qu'Allah », scande l'immense foule. Ce n'est qu'à l'intérieur de la mosquée al-Nasr qu'un calme relatif est rétabli, alors que le grand imam d'Al-Azhar préside le service religieux. Nasser est inhumé selon la tradition musulmane dans son linceul ». 

 

Dans TV5 Monde Orient, lit-on sous le titre « En Egypte, l'héritage mitigé de Nasser, 50 ans après sa mort » :  

« Cinquante ans après la mort de Gamal Abdel Nasser, la controverse demeure en Egypte autour de l'héritage politique de l'ancienne icône du panarabisme, perçu comme un rempart contre Israël, le colonialisme, la pauvreté. Connu pour ses discours enflammés et ses prestations radiophoniques, le charismatique ancien président égyptien capturait d'immenses foules en Egypte et dans le reste du monde arabe. Parmi ses premiers succès figure la mise en échec d'une invasion des troupes françaises, britanniques et israéliennes en 1956, avec l'aide des Etats-Unis, à la suite de la nationalisation du canal de Suez. 

Pour marquer les 50 ans de sa mort, sa fille aînée, Hoda, a publié un livre pour jeter un nouveau coup de projecteur sur la vie du dirigeant. « Nasser: Archives secrètes » comprend des extraits de son journal d'officier pendant la guerre israélo-arabe de 1948, ainsi que des échanges avec le président américain John Kennedy, ou le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev. « Je n'ai fait que raconter des événements qui ont eu lieu, et j'ai expliqué les principes qu'il appliquait en montrant des documents qu'il a écrits alors qu'il était officier dans l'armée et pendant sa présidence », dit-elle à l'AFP (…) « Il encourageait le sens de la dignité chez les gens. Et c'est cela qui manque aux Arabes lorsqu'ils se souviennent de Nasser », dit Mustapha Kamel, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire. (…) Dans ses discours, Nasser assume un ton populiste, s'exprimant dans un arabe simple pour tourner en dérision les puissances coloniales et Israël ». 

 

Pour commémorer le jubilé d’or de la mort de Nasser, RFI a eu une autre idée. Elle a fait une interview avec Alain Gresh, spécialiste du monde arabe, pour parler de Nasser sous la forme de questions et réponses. Sous le titre de « Alain Gresh : « Nasser était le héros du monde arabe », on peut lire :  

RFI : Aucun dirigeant n’a autant marqué le monde arabe que Gamal Abdel Nasser arrivé au pouvoir le 23 juillet 1952, avez-vous écrit. Comment s’explique le prestige dont Nasser a joui dans le monde arabe ? 

Alain Gresh : Nasser a cristallisé pendant un temps l’aspiration du peuple égyptien et plus largement du peuple arabe, à l’indépendance politique, économique, diplomatique… Le raïs lui-même était le résultat d’une dizaine d’années de lutte du peuple égyptien et du peuple arabe pour cette indépendance. L’homme a été capable à un moment fatidique de l’histoire de la représenter, de la symboliser à travers notamment la nationalisation du canal de Suez. On n’imagine pas aujourd’hui à quel point cette décision de prendre possession du canal fut un choc, vécue comme un défi inimaginable à la domination européenne. Suite à la proclamation par le gouvernement égyptien le 18 juillet 1956, annonçant la nationalisation du canal de Suez, il y eu des manifestations de soutien spontanées à travers tout le monde arabe. Il me semble que le prestige de Nasser est autant lié à ses bravades anticoloniales. En effet, au cours des années qui vont suivre, Nasser s’appuiera sur son prestige pour développer une double stratégie, à l’échelle régionale d’une part en créant la République arabe unie qui réunit l’Égypte et la Syrie, et, d’autre part, à l’échelle nationale, en bâtissant une économie indépendante fondée sur une industrie lourde. Il lance le projet de l’électrification du pays, rendue possible par la construction du haut barrage d’Assouan. Parallèlement, il s’attache à répondre à une série d’aspirations au bien-être de l’ensemble de la population, en lançant une nouvelle phase de la réforme agraire commencée dès son arrivée au pouvoir en 1952, puis en nationalisant l’économie avec des droits très importants donnés aux ouvriers. Il instaurera une politique sociale progressiste, étendant la santé et l’éducation à des couches qui en étaient jusque-là privées. (…) La légende de Nasser perdure en Égypte comme dans le monde arabe en général. Rappelons que le candidat d’un parti se revendiquant du nassérisme est arrivé en troisième position à la présidentielle Égyptienne de 2012. C’est la preuve que Nasser demeure une figure admirée, un modèle pour les Égyptiens ». 

 

 

 

Sources :  

https://www.voaafrique.com/

https://information.tv5monde.com/

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20200928

https://fr.africanews.com/2020/09/28/

https://www.20min.ch/fr/story/lheritage-mitige-de-nasser-

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